- BAER (K. E. von)
- BAER (K. E. von)BAER KARL ERNST VON (1792-1876)Naturaliste russe, Karl Ernst von Baer domina la science de son époque et fut l’un des pionniers de l’embryologie moderne. Né en Estonie d’une famille prussienne, il étudie la médecine à l’université de Dorpat (actuellement Tartu), passe sa thèse en 1814, puis voyage durant trois ans (Vienne, Berlin) pour parfaire ses connaissances. En Allemagne (Würzburg), il rencontre J. I. Döllinger qui l’oriente vers l’anatomie comparée et dirige ses recherches sur le blastoderme du poulet. Sous l’influence de Burdach, Baer devient prosecteur d’anatomie à la Faculté de Königsberg (1817), puis professeur d’anatomie (1819) et de zoologie (1826); c’est dans cette ville qu’il parvient à des découvertes fondamentales pour une science toute neuve, l’embryologie. Il décrit la notochorde, les vésicules cérébrales, le tube neural formé de feuillets. En 1826, il corrige l’erreur de De Graaf en décelant la présence de l’ovule des mammifères à l’intérieur du follicule ovarien (De ovi mammalium et hominis genesi epistola , 1827) et montre que tout fœtus a pour origine un ovule. Dans Über die Entwickelungsgeschichte der Thiere (1828), il décrit le développement embryonnaire des vertébrés, de la fécondation de l’œuf à la naissance et consolide, un demi-siècle après C. F. Wolff, la théorie de l’épigenèse. Dans une espèce donnée, le développement de l’embryon se déroule toujours suivant le même plan. Considérant des espèces voisines, au sein d’une même famille, Baer établit la loi des ressemblances embryonnaires relatives aux vertébrés: «Je possède, écrit-il, conservés dans l’alcool, deux petits embryons dont j’ai omis d’inscrire le nom, et il me serait actuellement impossible de dire à quelle classe ils appartiennent. Ce sont peut-être des lézards, de petits oiseaux, ou de très jeunes mammifères, tellement la similitude du mode de formation de la tête et du tronc chez ces animaux est grande [...]. Les pattes des lézards et des mammifères, les ailes et les pattes des oiseaux, ainsi que les mains et les pieds de l’homme dérivent tous de la même forme fondamentale.» Ces observations, étendues au règne animal, le conduisent à grouper les animaux en quatre «types» de développement fondés sur la symétrie segmentaire, massive, périphérique ou radiale. Ces quatre modes de développement permettent de distinguer les quatre embranchements de Cuvier: vertébrés, annelés, mollusques, échinodermes. En outre, il établit une série de lois. Premièrement, au cours du développement embryonnaire, les «traits les plus généraux d’un grand groupe, écrit-il, apparaissent dans l’embryon avant les traits les plus spéciaux»; ainsi au cours de son ontogenèse un oiseau est d’abord un vertébré. Deuxièmement, «les structures les moins générales naissent des plus générales». Troisièmement, il n’est pas vrai que les embryons des animaux supérieurs passent par des stades au cours desquels ils ressemblent aux formes adultes d’animaux situés plus bas dans l’échelle de l’évolution. Il met en évidence le rôle du chorion, de l’amnios et de l’allantoïde du poulet et des mammifères. Après la publication par Darwin des Origins of Species (1859), il s’oppose aux théories du naturaliste anglais.Il prend part à plusieurs expéditions scientifiques, tant géologiques qu’anthropologiques, du pôle Nord à la Caspienne, et publie de très nombreux articles dans l’importante revue Beiträge zur Kenntniss des russischen Reiches . Il participe à la fondation des Archiv für Anthropologie et à celle de la Société géographique russe. Il devient doyen de la faculté de médecine, puis recteur de l’université de Königsberg et, en 1846, il est nommé professeur d’anatomie comparée et de physiologie à l’Académie de médecine de Saint-Pétersbourg, où il est également chargé de la direction du musée d’Anatomie.
Encyclopédie Universelle. 2012.